Histoire de la Cartomancie et des Cartes à Jouer

Histoire de la Cartomancie et des Cartes à Jouer en Occident,du Xe au XVe siècle : une histoire de divination, de dés et de dominos :

Histoire de la Cartomancie et des Cartes à Jouer en Occident : Plusieurs historiens réputés s’accordent à dire que les cartes à jouer sur support papier furent inventées en Chine. Mais, comme toute histoire, commençons par le début…

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Origine Chinoise des jeux de cartes:
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Tout d’abord, nul ne peut affirmer sans conteste, d’où origine exactement l’utilisation des dés. Probablement d’un peu partout au monde, puisque les ancêtres des dés à jouer se retrouvent dans divers objets : (coquillages, petits cailloux, fèves, etc) ; mais particulièrement dans les astragales, ces petits osselets à quatre faces que l’on retrouve dans les pieds des moutons. 

Mais quoi qu’il en soit, sous leur forme à-peu-près moderne, soulignons qu’on a retrouvé des dés à jouer en Chine, aux environs de l’an 1120 avant Jésus-Christ. Et au fil du temps, ces dés sont à l’origine d’autres jeux chinois; notamment les dominos, et les cartes-dominos. 

Précisons aussi que pour les chinois, il y a peu de différence entre ces jeux puisqu’ils partagent une même racine étymologique pour les nommer. Ainsi pour nommer les jeux d’argent (monnaie et gambling) on nomme les jeux de dés “Chak t’in kau” (un jeu joué avec deux dés), les jeux de dominos “Ta t’in kau” et les jeux avec les cartes à jouer, “T’in kau”.

Soulignons que selon le Capitaine George Edward Mauger (Royal Jersey Artillery (Réserve), Membre de la Société d’Anthropologie de Paris, Licencié en droit et ès-sciences, Avocat de la Cour Royale de Jersey), extrait du Bulletin d’anthropologie de Paris, 18 Novembre 1915, pp. 238 à 244, les jeux chinois remontent à une très haute antiquité et semblent se ranger en quatre grandes catégories: les jeux de bataille et d’instruction guerrière; les jeux de position (qui incluent les quatre directions plus le centre, où un nombre obtenu par un jet de dés détermine la place); les jeux qui étaient utilisés spécifiquement pour la divination et qui venaient de l’Inde: contrée où si l’on en croit la tradition, ils existaient déjà quatre mille ans avant J.-C (donc avant le Wai K’i — plus de 2300 ans avant J.-C) —, les dés ainsi que leurs dérivations postérieures; les cartes à jouer et les dominos.

En fait, le terme actuel en Chine pour nommer tant les dominos que les cartes est « p’ai » (notons que le nom « pâsa » des dés Indiens se retrouve dans les cartes chinoises pa’i ainsi que dans les dominos). Pour ces gens, il n’y a pas de différence essentielle entre les cartes et les dominos car ils sont indifféremment utilisés pour les mêmes jeux. Mais si l’on souhaite les distinguer, disons que les cartes de carton sont de style “chih p’ai” (p’ai de papier); et les dominos sont de style “ya p’ai” (p’ai d’ivoire) ou “p’ai ku” (p’ai d’os, s’ils sont faits en os).

Les dés à jouer sont connus depuis fort longtemps en Chine. 

Mais en évoluant, leurs dés affichaient une particularité: puisque les points des dés chinois qui indiquent le UN et le QUATRE était peints en rouge; alors que les points des autres faces sont peints en noir. Ce qui a semble-t-il donné les couleurs de nos jeux de cartes actuels, soit rouge pour les cœurs et les carreaux; et noir pour les trèfles et les piques. Quant aux cartes elles-mêmes, elles dériveraient en réalité des dés à jouer (qui eux-mêmes originent des astragales), des dominos ainsi que des jeux d’échecs. Les dominos pouvaient être imprimés sur des tuiles d’ivoire, ou sur des tuiles d’os; mais aussi sur du papyrus, et ensuite sur du carton: telles le sont depuis des siècles nos cartes à jouer contemporaines.

Histoire de la Cartomancie et des Cartes à Jouer : Les cartes à jouer chinoises: des “feuilles volantes” sur papyrus

Mais pour raconter l’histoire des cartes à jouer chinoises, allons-y d’abord d’une légende. L’histoire se passe en Chine, dans la région de Yeu-Shio, durant la Dynastie de T’ang (618-907): une époque marquée d’un certain cosmopolitisme, où se développe le plan culturel et particulièrement, la littérature. 

En ce temps-là déjà, on écrivait des livres en forme de rouleaux sur du papyrus, un arbrisseau qu’on retrouvait en abondance dans la région. Certains de ces livres avaient trait aux jeux de dés. Mais puisqu’en jouant il fallait constamment dérouler le papyrus pour consulter le livre, des moissonneurs eurent l’idée de tailler et de numéroter les feuilles d’une espèce de papyrus qu’ils utilisaient déjà pour écrire. Puis on rattacha ensemble ces feuilles volantes, ce qui était plus pratique.

De fil en aiguille, les gens ont pris l’habitude de détacher ces feuilles puis de s’en servir à la place des dés, pour jouer. Ainsi les « Yet Za », ou « yeh-tza », ou « yeh tzu », ou encore « feuilles » (de papyrus), se sont transformées en cartes. Des cartes qu’on utilisait à l’origine pour jouer aux dés, mais quand même, un jeu de cartes; illustré de dessins symboliques variés: paon, homme, corbeau, faisan, poisson, antilope, étoile, cheval, lapin, etc. 

Ce jeu étant fort distrayant, est devenu très populaire. Dès le IXième siècle, l’on retrouve une citation relatant une certaine anecdote. Ainsi en l’an 868 de notre ère, les parents de l’époux de la princesse Tongchang, du clan Wei de la Dynastie Tang (618–907) racontent qu’ils auraient joué à un « jeu de feuilles » avec la princesse. Et ce jeu, connu et joué depuis le VIIIe siècle en Chine, prendra le nom de « yeh-tzâ ».

Malgré ce qui est relaté ci-dessus à propos des cartes à jouer en papier — jeux de “feuilles” ou « yeh-tzâ » —, une autre information paraît également plausible. Il semble que selon les dossiers de la dynastie des Tsin, un noble bien connu, Tao K’an (259-334 AD), aurait incité des gens à délaisser le jeu de dés “yü-p’u” pour adopter le « yeh-tzâ », ce nouveau « jeu de feuilles ». Jeu qui est similaire, en fait, à nos jeux de cartes contemporains.

Puis suite à plusieurs années de révoltes paysannes réprimées dans le sang, vint la chute de la Dynastie T’ang où la Chine connaît un nouveau morcellement, divisée entre les régions Nord et Sud. Débute alors le règne de la Dynastie Sung (960-1127). Les princes indigènes vont au Sud et les Tartares K’i-tan au Nord. Ces Tartares apprécient beaucoup le jeu de Yeh-Tza et le popularisent. C’est ainsi qu’en février 969, le prince Tartare rassemble ses seigneurs pour un « tournoi de feuilles ». C’est aussi en l’an 969 qu’il est documenté que les Empereurs Liao utilisaient des jeux de cartes à la cour impériale. On raconte aussi que le soir du réveillon du Nouvel An 969 l’Empereur Mu-tsong aurait joué aux cartes de domino avec sa femme. Notons qu’en Chine à cette époque, les dominos étaient imprimés sur du papier épais; et on jouait aux dominos comme aujourd’hui on joue aux cartes.

Histoire de la Cartomancie et des Cartes à Jouer : L’invention des cartes numérotées, avec des points rouges et noirs

Puis en 1120 sous le règne de S’eun-ho, des cartes connues sous le nom de “Teen tsze pae” (Teen-tseu-pae), ou cartes en pointillés comprenant des points rouges et des points noirs — donc numérotées —sont inventées. 

Celles-ci commencent à être communes au cours du règne de Kaou-Tsung, qui monta sur le trône en 1130. Elles sont les ancêtres des cartes actuelles présentes en Chine. Et selon ce qu’on en dit, ces jeux de cartes ont été conçus pour l’amusement des nombreuses concubines de S’eun-ho.

En fait, les jeux de cartes chinois peuvent être regroupés en quelques grandes familles; notamment, les cartes d’argent — qui servaient tout autant de papier-monnaie que de jeu pour faire des paris —, les jeux de cartes d’échecs, les jeux de cartes-dominos, ainsi que les jeux de cartes avec personnages. 

On peut donc les identifier d’après le genre de suites et d’après la structure du jeu comme tel. D’ailleurs le décret impérial de 1120, qui vise à uniformiser les jeux en circulation, atteste la présence de tels jeux (souvent en carton ou en papier épais) en sol chinois. 

Rappelons-nous que la Chine a inventé le papier, qu’elle fabrique depuis environ l’an 100 après J.-C.; tandis que le papier n’est arrivé en Europe que vers l’an 950 en Espagne.

Les cartes monétaires ou “cartes d’argent”, appelées “mille fois dix mille”

En ce début de millénaire, vers les années 1000, en plus des cartes-dominos, les chinois utilisaient aussi d’autres jeux de cartes sur support en papier. Il s’agissait de « cartes d’argent » qu’on nomme aussi cartes monétaires ou cartes papier-monnaie, utilisées tant comme monnaie pour les échanges de marchandises et de biens, que comme jeu (divertissement, jeux de hasard et paris).

Donc les cartes les plus couramment utilisés en Chine à cette époque sont celles qui comprennent 3 suites — en fait, il s’agit du jeu de 4 suites dont on a enlevé la 4e suite, soit celle “des dizaines de myriades de cordons de pièces de monnaie” — et qu’on appelle “mille fois dix mille”. Chaque suite comprend des cartes numérotées de 2 à 9.

Tandis qu’au Sud de la Chine surtout, on joue davantage au jeu « Lieh Chih » ou “Lut Chi” avec 4 suites de cartes. En soi, c’est un jeu un peu plus grand que l’autre; ou encore, il s’agit d’ajouter une 4e suite au jeu précédent; soit la suite “des dizaines de myriades de cordons de pièces de monnaie” (ou de perles, ou de coquillages), avec des cartes numérotées de 1 à 9 cette fois.

Donc, pour le jeu « Tseen-wan-che-pae » ou “mille fois dix mille”, qui comprend 3 suites, on retrouve trente cartes dans un paquet; soit 3 suites de 9 cartes chacune et 3 cartes supplémentaires (les Honneurs, correspondant à des cartes de la Cour des jeux Occidentaux) qui sont supérieures à toutes les autres. 

La première suite (pièces de monnaie) est représentée par la carte des Honneurs “fleur rouge”. La deuxième suite (cordons de pièces de monnaie) par “fleur blanche”. Et la troisième suite, celle des myriades, par “un millier de fois dix mille”. Notons aussi que règle générale, un jeu (paquet de cartes) est constitué de quatre de ces ensembles.

Notons aussi qu’à ce jeu peuvent s’ajouter d’autres cartes qui en réalité ne font pas partie du jeu, mais qui peuvent avoir une fonction semblable aux Jokers des jeux de cartes contemporains. 

En ce sens, qu’on peut les inclure dans le jeu, ou pas ; et si on les inclut, ils peuvent signifier et prendre la place de n’importe quelle carte désirée. On retrouve ces cartes détachées en paquets de deux, cinq ou six cartes. Ces paquets, facultatifs, sont connus sous le nom “d’or”, de “prospectus” ou de “papillons”.

En réalité, les cartes d’un paquet de “cartes d’argent” étaient à l’origine des billets de banque, avec lesquels les joueurs ont joué… donc ils sont devenu aussi des jeux de cartes. 

L’histoire dit que « T’ai-tsou des Sung (960-976) a relancé le vieux système de trésorerie “argent volant” — dans le sens de feuilles de papier détachées, papier-monnaie ou billets de banque — déjà utilisé sous la dynastie des Tang (618-905) ».

Par ailleurs, notons que ces cartes d’argent sont généralement longues et étroites, aux bouts arrondis; et elles ressemblent plus à un signet de livre qu’à une carte à jouer Occidentale. Mais de nos jours, les joueurs de Mah Jong — un jeu aussi originaire de Chine, composé de plusieurs tuiles ou lames — reconnaissent d’ailleurs les cercles (pièces de monnaie) et les bambous (c’est-à-dire, les bâtons) de leur jeu favori: qui origine de la même époque. Mais quoi qu’il en soit, au tournant du IXième siècle, les jeux de cartes chinois se retrouvaient partout sur le continent asiatique

En savoir plus :

https://fr.wikiversity.org/wiki/Cartes_%C3%A0_jouer/Cartes_%C3%A0_jouer_d%27Asie

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