Pensée du jour : L’Abbé Pierre” Il ne faut pas attendre d’être parfait pour commencer quelque-chose de bien “
L’Abbé Pierre
Naissance le 5 août 1912 à Lyon ; mort le 22 janvier 2007 à Paris
Pensée du jour : L’Abbé Pierre : Mythe de l’abbé Pierre selon Roland Barthes
Pensée du jour : L’Abbé Pierre : L’image du grand barbu en soutane, en grosse pèlerine élimée avec une canne, un béret et des godillots que lui a un jour offerts un sapeur-pompier, forge vite son statut de « héros légendaire », de « juste » (d’après son testament évoqué par les membres du mouvement Emmaüs, cette pèlerine emblématique reviendra au musée des pompiers de Paris).
Après l’appel de 1954 et la sortie du film Les Chiffonniers d’Emmaüs consacré à l’abbé Pierre, Roland Barthes a analysé, dès 1957, son visage « qui présente clairement tous les signes de l’apostolat : le regard bon, la coupe franciscaine, la barbe missionnaire, tout cela complété par la canadienne du prêtre-ouvrier et la canne du pèlerin. Ainsi sont réunis les chiffres de la légende et ceux de la modernité. »
Son visage évoque la spiritualité
Pensée du jour : L’Abbé Pierre : Sa coupe, « équilibre neutre entre le cheveu court […] et le cheveu négligé », approche selon le sémiologue l’intemporalité de la sainteté, et l’identifie à saint François d’Assise. La barbe, celle du capucin et du missionnaire, symbolise quant à elle la pauvreté et la vocation apostolique comme pour le père de Foucauld. Son visage évoque donc à la fois la spiritualité de l’Homme, le combat de son sacerdoce, et sa liberté vis-à-vis de sa hiérarchie. Pour Pierre Bourdieu, l’abbé est même un prophète, « surgissant en temps de disette, de crise », « prenant la parole avec véhémence et indignation ».
Mais Barthes se demande aussi si « la belle et touchante iconographie de l’abbé Pierre n’est pas l’alibi dont une bonne partie de la nation s’autorise, une fois de plus, pour substituer impunément les signes de la charité à la réalité de la justice. »
Cette grande popularité en France ne s’est jamais démentie, les enquêtes d’opinion de la presse le plaçant pendant une dizaine d’années (un record inégalé, après avoir succédé au commandant Jacques-Yves Cousteau, à peine éclipsé durant un an par une seconde place temporaire imputée à l’affaire Garaudy) en tête des personnalités préférées des Français, comme celles du Journal du dimanche publiées plusieurs fois par an, jusqu’à ce qu’il demande à en être retiré au début de 2004. « C’est à la fois une arme et une croix », dit-il, pour laisser la place des honneurs aux plus jeunes.